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Le préjugé racial effacé dans un classique anglais et sa réécriture antillaise

<span class="caption">Une image de l'adaptation cinématographique des Hauts de Hurlevent (2011)</span> <span class="attribution"><a class="link " href="https://www.imdb.com/title/tt1181614/mediaviewer/rm1576313601/?context=default" rel="nofollow noopener" target="_blank" data-ylk="slk:ImDB;elm:context_link;itc:0;sec:content-canvas">ImDB</a></span>

En 1995, Maryse Condé propose avec La Migration des cœurs une réécriture des Hauts de Hurlevent, d’Emily Brontë. Le choix de ce classique anglais peut surprendre : quoi de commun en effet entre une région rurale d’Angleterre au début du XIXe siècle et la Guadeloupe du tournant du XXe siècle ? Entre une société relativement homogène sur le plan ethnique et une société créole encore enferrée dans l’esclavage aboli quelques décennies plus tôt ? Entre les landes austères du Yorkshire et la végétation luxuriante, ou les plages tropicales, habituellement associées aux Antilles ?

Cette transposition présente l’occasion de se pencher sur les thèmes du racisme, de la stigmatisation et des freins à la mobilité sociale, des thèmes déjà ébauchés par Brontë à travers le personnage de Heathcliff, qui devient Razyé chez Maryse Condé.

Pour dépeindre une société marquée par la violence coloniale, Condé s’écarte des représentations d’une nature antillaise paradisiaque pour se rapprocher de la rudesse des paysages de Brontë, et montre les conséquences de la pensée raciste qui s’est développée avec la colonisation et l’esclavage.

<span class="caption">La tradition carnavalesque guadeloupéenne du « mas’ a kongo » (masque de carnaval représentant un Africain déporté) et les différentes réappropriations auxquelles cette tradition donne lieu pour se souvenir de l’esclavage et affirmer la fierté de l’ascendance africaine.</span>
La tradition carnavalesque guadeloupéenne du « mas’ a kongo » (masque de carnaval représentant un Africain déporté) et les différentes réappropriations auxquelles cette tradition donne lieu pour se souvenir de l’esclavage et affirmer la fierté de l’ascendance africaine.

La structure de l’économie guadeloupéenne de l’Ancien Régime reflétait le « préjugé de couleur » : l’affirmation de l’existence de races et leur hiérarchisation.

Malgré le bouleversement radical de l’ordre social en Guadeloupe au moment de la Révolution française, avec la disparition partielle des Blancs créoles, la diminution de leur pouvoir économique et la constitution progressive d’une bourgeoisie noire, la structuration sociale est restée fortement marquée par une segmentation raciale, soutenue après l’abolition de l’esclavage par la diffusion de théories sur la nature des Noirs et leur infériorité.

Condé illustre les conséquences de l’intériorisation de ces représentations par ceux qui en étaient victimes.

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Conception et réalisation : Sonia Zannad. Montage : Romain Pollet

La version originale de cet article a été publiée sur La Conversation, un site d'actualités à but non lucratif dédié au partage d'idées entre experts universitaires et grand public.

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